La couleur la moins appréciée par le public et ses raisons
Depuis plusieurs décennies, les enquêtes internationales sur les préférences chromatiques affichent une constance surprenante : certaines teintes suscitent une adhésion massive, tandis qu’une couleur demeure presque systématiquement reléguée au bas du classement. Les données issues des études menées en Amérique du Nord, en Europe et en Asie convergent vers le même constat.
Les entreprises actives dans le secteur du marketing tiennent compte de ce rejet récurrent, ajustant leurs stratégies visuelles pour éviter l’écueil d’une association négative. Face à ce désamour persistant, il devient essentiel de comprendre les mécanismes psychologiques et culturels qui alimentent cette perception défavorable.
Plan de l'article
Pourquoi certaines couleurs suscitent-elles davantage de rejet auprès du public ?
La perception humaine des couleurs n’a rien d’aléatoire. En France comme dans beaucoup de pays européens, la psychologie des couleurs influence les choix, parfois à peine consciemment. Certaines nuances, lourdement chargées de symboles, provoquent des réactions immédiates. Le rouge couleur sang, par exemple, intrigue autant qu’il inquiète : passion dévorante, avertissement, urgence. À l’inverse, le noir, couleur élégance et mystère, attire dans le monde de la mode mais suscite de la méfiance sur les murs d’une ville.
La chromophobie, notion chère à David Batchelor, traverse les époques. De l’antiquité jusqu’au moyen âge occidental, une hiérarchie des couleurs s’impose. Les teintes éclatantes sont regardées avec suspicion, cantonnées à la marge, alors que le blanc, symbole de pureté, et le noir forment un duo central, sophistiqué. Les mentalités évoluent lentement. Des couleurs comme le rose ou le violet, longtemps associées à la féminité ou à la spiritualité, restent rarement plébiscitées dans les choix populaires.
Les professionnels n’ignorent rien de ces codes. Les stratégies visuelles reposent sur la signification culturelle des couleurs et leur pouvoir d’attraction ou de répulsion. En Asie, le rouge, couleur primaire, est un porte-bonheur, tandis qu’en Europe la prudence domine. L’orange, trop flamboyant, met mal à l’aise : il déroute par sa vivacité, sans offrir la douceur d’un bleu ou la stabilité d’un vert.
Voici quelques clés pour comprendre cette dynamique :
- La culture occidentale façonne la relation aux couleurs vives.
- Le marketing adapte ses codes à la perception collective.
- La psychologie des couleurs guide les choix, du logo à la charte graphique.
La couleur ne se contente jamais d’habiller un lieu ou un objet : elle imprime des messages anciens, parfois irrationnels, dans notre mémoire visuelle.
Le marron, une couleur minoritaire : entre perceptions négatives et influences culturelles
Le marron, ce brun discret, s’impose comme la nuance la moins plébiscitée, selon de nombreuses enquêtes menées en France et ailleurs. Sa symbolique agit contre lui : peu de lumière, un lien immédiat avec la terre, la boue, quelque chose d’étouffé ou de terne. Cette teinte terre évoque plus souvent la lourdeur que l’élan, davantage le passé que l’avenir. Michel Pastoureau, spécialiste de l’histoire des couleurs, le souligne : le marron occupe une place à part, souvent associée à la pauvreté, aux tenues de travail, à l’ordinaire, loin de l’apparat.
Dans l’identité visuelle des marques, le marron se fait rare. Les secteurs d’activité l’utilisent avec précaution, le réservant à des touches secondaires ou à l’arrière-plan, jamais comme couleur phare. Quand la charte graphique d’une entreprise mise sur le marron, c’est pour évoquer la nature, mais la croissance et l’optimisme se cherchent ailleurs, dans le vert, le bleu, le jaune. Le marron reste cantonné au rôle de figurant.
Quelques raisons expliquent cette mise à l’écart :
- La couleur associée à la rusticité bloque son adoption par les grandes enseignes.
- Dans l’édition, la teinte de fond marron reste marginale, souvent abandonnée au profit de nuances plus lumineuses.
Ce constat s’applique aussi à la France et à Paris. Même dans le design graphique, le marron recule, discret, témoin silencieux d’un changement des mentalités qui le laisse à la traîne.
Exploiter intelligemment la psychologie des couleurs pour renforcer son image de marque
La psychologie des couleurs ne concerne plus seulement les spécialistes de la santé ou de l’art-thérapie. Entreprises, départements marketing, agences de design : tous examinent la palette chromatique avec une précision quasi chirurgicale. La couleur se choisit, se pèse, s’ajuste.
Le choix des couleurs influence directement l’identité visuelle d’une marque et façonne, parfois en silence, la perception du public cible. Le noir véhicule élégance et mystère, signature reconnaissable de Netflix ou de certaines maisons de luxe. Le rouge capte l’attention, stimule, donne envie d’agir. McDonald’s, Paypal : chaque couleur, un message bien défini, une émotion mise en scène.
Du côté de la communication sur les réseaux sociaux, la couleur devient un atout de séduction. Le bleu inspire la confiance, le vert évoque la croissance ou l’éthique. Qu’il s’agisse de promotion, d’appel à l’action ou de logo, chaque teinte remplit un rôle ciblé, pensé pour un secteur particulier.
Voici plusieurs pistes concrètes pour optimiser l’impact des couleurs :
- Adapter la couleur au secteur d’activité pour renforcer la cohérence du message.
- S’intéresser à la chromothérapie afin d’anticiper les réactions spontanées du public.
- Explorer les analyses de Jean-Gabriel Causse : la couleur influence plus souvent les choix que le prix ou le contenu textuel.
La couleur, arme de communication et de distinction, ne triche pas. Elle attire, fidélise, différencie. Sélectionner la bonne nuance, c’est déjà marquer les esprits. Reste à savoir quelle émotion vous voulez imprimer durablement dans la mémoire collective.
